Zuae et Kanaria, bourgeons prometteurs du marché de l’art

Un vent frais plane sur le marché de l’art. Galerie itinérante, Quand les fleurs nous sauvent explore la fleur comme motif universel et intemporel. Leur toute dernière exposition « Kott & Hana » s’envole pour l’Asie de l’Est où Zuae et Kanaria, deux artistes coréenne et japonaise mettent leurs créations dos à dos.

Kanaria, Espoir, 2020.
Zuae, Outcome, 2021.

Crédit photos : Quand les fleurs nous sauvent.

Unir ses passions pour en faire un métier ? Muriel Fagnoni et Julia Gai l’ont fait. L’art plein la tête mais la fleur au fusil, elles ont renouvelé le marché de l’art avec Quand les fleurs nous sauvent, une galerie-concept au nom aussi long qu’énigmatique. « La fleur joue un rôle tellement important dans l’art depuis l’Antiquité que, même en délimitant cette portion là du monde de l’art, le projet restait infini à déployer. Ce n’est pas une niche contrairement à ce qu’on peut croire. La fleur est décorative mais aussi symbolique, militante, utile… Elle touche toutes les époques et notamment la nôtre où l’enjeu environnemental tient une place essentielle » explique Muriel Fagnoni.

UN BINÔME QUI ATTIRE LES CONTRAIRES

Itinérante, la galerie voit le jour en 2019. Muriel et Julia sont fidèles à leur démarche et adaptent leurs espaces aux jeunes pousses qu’elles représentent. « Ce n’était pas dans notre nature de rester au même endroit. Il s’agit de valoriser les œuvres et les artistes dans un lieu approprié » poursuit Muriel. La doyenne du duo – et publicitaire pendant plus de vingt ans – défend corps et âme les valeurs de la galerie que Julia, jeune galeriste diplômée de l’Ecole du Louvre, se plaît à énoncer : « Chaleur et ouverture. On ne voulait pas que la galerie soit un simple lieu d’exposition mais un espace animé où nos projets prendraient vie. Nos différences de génération et de références culturelles sont un moteur formidable et nous nous entendons toujours sur des projets de curation solaires et joyeux. »

Le binôme en effet, ne se contente pas d’exposer : brunchs floraux, concerts, ateliers de peinture, activités pour enfants, c’est selon. Tant que chacun y trouve son « shot d’art »… et une gamme de prix adaptée à ses moyens : « Tout le monde doit pouvoir entrer. Cela nous motive d’ouvrir et d’avoir un spectre de prix très large : de 200 à environ 15 000 euros.» Un éventail de prix auquel la galerie se tient pour faire du monde de l’art un lieu de partage et de pluralité. 

De quoi réunir deux artistes que tout oppose. Du côté de l’Asie de l’Est, Zuae, coréenne et Kanaria, japonais se rencontrent à Paris par œuvres interposées. « Kott & Hana », leur exposition collaborative les réunit au 5 rue Jacques Callotdans le VIème arrondissement de Paris, pour mettre dos à dos leur perception contraire mais complémentaire de la fleur (kott en coréen, hana en japonais). Pour l’une, les fleurs s’entremêlent telles des lianes pour signifier le flot de pensées. Feuille blanche et marqueur noir. Pour l’autre, plus colorée, elles se déploient – comme impatientes d’éclore – pour s’ouvrir au monde et vivre enfin. Toile et peinture rose pâle.

“ENSEMBLE, ZUAE ET KANARIA DÉLIVRENT UN BOUQUET D’HUMOUR ET DE LÉGÈRETÉ.”

Vue d’exposition © Gregory Copitet

ENRACINER OU AFFLEURER LA NATURE HUMAINE

Ensemble, Zuae et Kanaria délivrent un bouquet d’humour et de légèreté. On croit d’abord qu’elles ne payent pas de mine. Mais plus près, plus près encore, leur œuvre moque, faussement innocentes, les tribulations de la nature humaine. On rit de nos introspections, des masques que l’on porte en société mais aussi de nos amours, notre libido et nos rêveries farfelues.

Et le fond épouse la forme laquelle, en trompe-l’oeil, paraît de prime abord excessivement simple. Le rose de nouveau-né arboré par Kanaria est mis à l’épreuve car plus savoureux lorsqu’on s’y penche. L’artiste déchire ses toiles, gratte la peinture, dessine, repasse, repeint… Rien de bien lisse – mais quelque peu subversif – pour une chambre d’enfant. Quant aux trolls pensifs de Zuae, ils relativiseraient presque nos états-d’âme : on ne lâche pas des yeux ce foisonnement de dérisions et de détails à contempler. 

Muriel, Julia et Quand les fleurs nous sauvent quittent le 5 rue Jacques Callot pour le 66 rue Charlot – Paris IIIème. À compter du 13 novembre, leur nouvel espace accueillera « Merci pour les roses, merci pour les épines », une exposition collective qui, comme leurs autres projets, participe à l’action de leur association éponyme : « Nous pensons que la modernité des entreprises d’aujourd’hui réside dans le fait de tenir un rôle social. Avec notre association « Quand les fleurs nous sauvent », un pourcentage de nos ventes est distribué à d’autres associations comme les Restos du coeur qui, deux fois par an, offrent des fleurs aux personnes qui n’en on pas les moyens » Plaisir d’offrir… et d’agir. 

Perla Msika

La Perle

Exposition “Kott & Hana” par les artistes Zuae et Kanaria
Du 16 septembre au 3 octobre 2021
Quand les fleurs nous sauvent
Galerie itinérante ( en ce moment au 5 rue Jacques Callot 75006 Paris )
www.quandlesfleursnoussauvent.com
Instagram : @quandlesfleursnoussauvent
@zuae_ @zuae2 et @kanaria_artiste