Matt Guetta : Cliquez ici !
Cet artiste va vous surprendre !

Et si le langage informatique devenait une œuvre d’art ? Matt Guetta plonge dans le champ virtuel pour dénoncer, sur un ton absurde et sarcastique, les dérives du numérique. Que diriez-vous d’un portrait de vos données personnelles ?

Illustration Avec ses « Portraits Intimes », Matt Guetta a récolté toutes les données d’une personne via son smartphone pour les retranscrire sur toile en langage informatique. Crédit photo : Matt Guetta.

Le titre du présent entretien se veut « putaclic ». Autrement dit, si vous cliquez, c’est parce qu’on vous y incite avec des termes racoleurs. Plus vous visitez cette page, plus Google nous a à la bonne et suggère cet article à d’autres internautes… pour notre plus grand profit. Merci bien.

Cet algorithme, Matt Guetta le connaît bien. Depuis qu’il s’est décidé à repousser les limites de l’art, deux questions l’ont obsédé : la première concerne les données personnelles. Avec ses « Portraits Intimes », il a récolté toutes les données d’une personne via son smartphone pour les retranscrire sur toile en langage informatique. En peignant ses toiles – il en faudrait plus de 168 millions – il rend compte de la quantité d’intimités que nous abandonnons aux GAFAM – et comment, fort de leurs algorithmes, ils jouent avec notre vie privée. 

Ça c’était pour la partie obscure. Par delà les vices, reste les merveilles de l’informatique sur lesquelles l’artiste préfère largement se pencher. La 3D pour crayon, Matt Guetta réfléchit depuis près 10 ans à une manière de suspendre le temps hors des simulations de son ordinateur. C’est sa seconde obsession. Aujourd’hui il y est parvenu : flottantes, décomposées, ses sculptures aphysiques arrêtent le temps… dans la réalité. 

Cet échange se veut le récit d’un esprit passionné, persuadé que le langage informatique, capable de grandes œuvres, reste à ce jour, accaparé par des fins largement inférieures à la magie de l’outil. On vous laisse en juger. 

Comment es-tu devenu artiste ? 

Avant de devenir artiste, j’ai d’abord été fasciné par l’art. Je me rappelle de ce jour où, enfant, ma mère avait décidé de redécorer ma chambre. Direction le magasin de décoration. Là, je tombe sur un poster de Mark Rothko (ndlr, peintre américain rattaché à l’abstraction d’après-guerre). Je ne savais même pas qui il était ni même que c’était de l’art. Pour moi, c’était juste un poster qui me plaisait. Je crois qu’avant de créer, il faut contempler. J’aimais essayer de comprendre les œuvres. De là, être artiste est devenu un rêve inavoué. Pendant près de 30 ans, je n’ai même pas osé en parler.

Puis, en 2010, il y a eu la rencontre avec l’artiste Bernar Venet. Un ami, O. Reyboz, m’a demandé de l’aider à encadrer un groupe qui venait visiter la Fondation du Muy. Non seulement, j’ai adoré ce que j’ai vu mais à la fin de la visite, alors que nous buvions un verre avec Bernar, il posa la question : « Qu’est-ce que l’art ? » Du tac au tac, il a répondu : « L’art c’est repousser les limites de l’art. » Ça a été un déclic. Pendant 10 ans, je me suis mis à faire mes recherches pour répondre à cette réplique. En cachette. 

Quelques temps après avoir rencontré Bernar, je suis tombé gravement malade. Entre mon lit et l’hôpital pendant près d’un an et demi, les médecins m’ont fait me poser la fameuse question : s’il te reste trois mois à vivre, qu’est ce que tu fais ? Je voulais être artiste. Ça été la première étape pour me décider à reprendre les rennes. Alors, j’ai quitté mon CDI de graphiste pour me mettre en free-lance. Mon crayon, c’était la 3D et l’ordinateur. J’ai donc commencé à l’utiliser comme un médium. Pourtant, si je gardais l’obsession de ces sculptures, je ne me sentais pas légitime. Je voulais d’abord faire mes preuves en 3D.

C’est un second accident qui, touchant ma main droite, me confronte, une fois de plus, à cette espèce d’urgence de créer. Ce besoin de faire ce que je voulais de ma vie. Après ma convalescence, j’ai montré mon travail à mon ancienne professeure d’Histoire de l’art, Hélène. Elle m’a tout de suite encouragé. Alors, je me suis lancé. Depuis janvier 2020, loin de mon écran d’ordinateur, je travaille à créer mes œuvres, et cette fois-ci, pour de vrai. J’ai mis 11 ans à réaliser ma première pièce. 

Être artiste implique pour toi de « repousser les limites de l’art ». Devant un tel objectif, quel est ton plan d’attaque ?

Je n’en ai pas vraiment (rire). C’est assez difficile parce qu’on ne sait pas si on prend la bonne route, si on a la bonne démarche. Et puis, c’est au public de choisir. Alors, en attendant de pouvoir exposer mon travail, j’essaie de garder cette idée en tête, de la mettre en oeuvre et d’y répondre au mieux. 

Tu as donc créé des sculptures aphysiques. Qu’est-ce que c’est ? 

J’ai essayé de réfléchir aux grandes lignes de l’art et à ce qui n’avait pas encore été abordé. Très vite, c’est la question de la gravité qui m’est apparue. Toutes les limites ont été repoussées… sauf celle du temps. C’est en ça que l’informatique et la 3D sont utiles : tu réalises des simulations physiques impossibles dans la réalité et pourtant physiquement juste grâce à la précision des algorithmes. En montant ces sculptures pour de vrai, j’ai souhaité repousser « ici et maintenant » et me déchargeant de l’espace-temps et de la gravité. Quand on les a devant les yeux, c’est assez incroyable. Elles changent d’espace pour faire apparaître la matière du temps. 

Ce n’est pas dangereux de toucher au Temps ? 

Je ne sais pas… Moi je l’arrête en tout cas. Tu sais, c’est un enjeu qui a déjà été exploré avec la photo. Ton cerveau comprend que c’est le temps arrêté mais il ne peut pas vraiment l’apprécier car il n’a jamais pu le voir dans la réalité physique. Quand tu as mes sculptures devant les yeux, tu vois le temps, tu expérimentes la contemplation d’un instant, c’est presque un nouveau champ esthétique qui s’ouvre.

C’est un peu l’artiste qui se confronte à Dieu – ou à la Nature – non ? 

Je ne remets pas en question la main de Dieu mais la main de l’Homme. On a développé un langage informatique qui nous permet de vivre des choses qu’on avait jamais vu avant et qui sont belles. J’utilise les algorithmes pour montrer à quel point cela pourrait être incroyable. On peut faire du beau à condition de ne pas tomber dans la mauvaise version de l’informatique, celle qui exploite, qui ne sert qu’à s’enrichir grâce aux données personnelles. 

Sculptures Aphysiques. Crédit photos : Matt Guetta.

Ce regard sur les données personnelles, tu l’abordes justement avec tes « Portraits Intimes ». 

C’est une question de devoir. J’avais l’idée en tête depuis un moment mais fin 2020, j’ai commencé à bosser sur ces portraits car j’ai voulu répondre au climat de tensions que posait la place grandissante des GAFAM (ndlr, Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft ) et les lois traitant des données personnelles et des libertés informatiques ( Informatique et libertés, sécurité globale… ). 

Je me suis posé la question du langage et me suis rendu compte que le vice du langage informatique – et donc de ceux qui savent exploiter ces datas – est que personne ou presque ne le maîtrise alors qu’elle est le fondement de l’humanité contemporaine ! J’ai donc décidé de monter dans le « Cloud » d’une personne, Hélène, mon ancienne professeure, de m’emparer de l’ensemble de ses données, de les redescendre dans la vie réelle et de les retranscrire en langage informatique, sur des toiles. 

Il faut que les gens se rendent compte de la masse d’informations qu’ils offrent et l’utilisation qui en est faite. En ce qui concerne Hélène, c’était plus de 10 Giga de données. 10 Giga, tu te rends compte, c’est rien… Et pourtant cela représente plus de 700 fois la bibliothèque de la Pléiade ! On met des siècles à écrire des chefs-d’œuvre, des livres, des encyclopédies. Alors que sur elle – une inconnue avec des données banales – on a écrit 700 fois une bibliothèque en langage informatique. Et c’est comme ça pour tout le monde.

Combien te faudrait-il de toiles pour retranscrire toutes ses données ? 

168 232 764. Soit un livre qui mesurerait 4.5 kilomètres de hauteur si on l’imprimait en format poche.

Portraits Intimes, 2021. Crédit photo : Matt Guetta.

Quel était jusqu’alors ton rapport au portrait ? De La Joconde de Vinci à la Marilyn de Warhol, c’est un genre important dans l’Histoire de l’art. 

Tu veux la vérité ? Je trouvais ça assez assommant. Le figuratif dans l’art est beau mais ça m’a toujours ennuyé. Je suis davantage fasciné par les artistes qui déconstruisent : Le Pommier de Mondrian est sublime. Partir d’un arbre pour le réduire à des formes simples, c’est incroyable. Avec ce genre d’artistes, on ne se contente pas simplement de mettre de la peinture sur une toile. On y ajoute une tournure plus cérébrale. 

Ce qui m’intéresse, en revanche, c’est ce que le portrait – quel qu’il soit – incarne. Il est une représentation de l’humain en son temps, en sa société. Une manière de dire : « A cette époque, l’Homme, c’était ça ». De cette manière, il entre dans la mémoire collective. Avec mes Portraits Intimes – ou plutôt mon portrait car je n’en ferai qu’un – je trouvais intéressant de mettre le portrait au goût du jour et d’actualiser ce qu’est aujourd’hui la représentation de l’Homme dans la mémoire collective.

Derrière ce travail se cachent donc un certain nombre d’absurdités contemporaines : Le portable – journal intime le plus répandu au monde – fonctionne grâce à l’informatique, un langage largement ignoré du grand public. Ton art joue de ce qui nous échappe ? 

L’informatique est formidable. Mais il a changé le fonctionnement de notre société. Aujourd’hui, pour connaître, on ne passe plus par les livres ou par l’art, le langage traditionnel. Et même si tu as grandi sans l’informatique, tu évolues malgré toi dans une société qui repose sur lui sans que tu n’y comprennes rien : quand tu vas sur Google, la page s’appuie sur tes données personnelles. Elle n’est faite que pour toi. Mais dans la mesure où tu ne parles pas l’informatique, toute cette utilisation de l’intime et de la vie privée t’échappe. Avec mes Portraits Intimes, j’ai décidé de prendre l’informatique et de le dépeindre avec les codes d’avant. Ceux d’un portrait sur une toile. Pour qu’on y voit plus clair.

A ton échelle, tu concurrences les GAFAM… 

Si tu veux tout savoir, quand j’ai expliqué ma démarche à certains, ils m’ont dit que comme les GAFAM, je me servais des données de quelqu’un pour me faire de l’argent en vendant mes toiles. Mais en quoi est-ce un problème pour moi, qui le fait ouvertement avec le consentement du modèle, une utilisation qui respecte sa vie privée et des conditions générales qui ne changeront pas au fil du temps, alors que des millions et des millions de personnes envoient – gratuitement – leurs données qui ne cesse de violer nos vies privés et changent leur conditions d’utilisation constamment afin de toujours mieux profiter des données ? Personne ne trouve à redire à cela alors que moi j’essaye simplement de mettre en avant que nous devons être conscients de tout ce que nous divulguons, de la disparition de l’intime. [ Tu utilise les réseaux sociaux ? ] Oui, pour parler de mon travail mais je déteste ça. Je ne mets rien sur ma vie privée et essaye de me protéger avec mes propres connaissances informatiques. J’y vais le moins possible.

Tu es peut-être le premier à réaliser un portrait aussi précis de ton modèle. Pourtant, faute de connaissances des codes informatiques, aucun spectateur – ou presque – ne peut vraiment en témoigner. On ne peut que te croire sur parole… 

Si tu veux vérifier mes fichiers, tu peux (rire)… Ce qui est intéressant c’est que le portrait s’est toujours efforcé de se rapprocher d’une forme de réalité. Or, une peinture c’est toujours une interprétation. L’artiste va peindre ce qu’il veut montrer du modèle et le modèle va se montrer sous un certain jour. Avec le langage informatique, mon portrait est le plus déshumanisé de l’histoire. Et pourtant, c’est le plus juste. J’aime bien ce conflit de notions. D’autant que c’est impossible de vraiment le finir – et surtout de le lire – alors qu’on a devant les yeux les déplacements minute par minute, les sms, les photos, les mails et tout ce qui concerne une seule et même personne.

Y avait-il une urgence pour toi, à faire quelque chose de cette technologie, de ces codes numériques qui rythment les vies en 2021 ? 

Oui. Je ne suis pas très geek mais je trouve que les gens qui abordent ces enjeux révèlent des choses étonnantes. Aujourd’hui, il y a deux poids deux mesures entre ce qui est fait dans la vie réelle et ce que font les réseaux sociaux : diffuser un contenu raciste ou haineux est répréhensible par la loi, jugé voire condamné. Avec les réseaux sociaux, il n’y a plus le même jugement : c’est le plus souvent le propriétaire de la plateforme qui juge et applique. Les nouvelles lois permettant même de faire supprimer du contenu sans passer par un juge. Ce qui n’existe pas dans le réel : retirer voire fermer un journal papier sans procès ni jugement est impossible.

Et même à une autre échelle : il n’y a plus aucune sélection, aucune responsabilité de ce que nous choisissons de diffuser. Quel est l’intérêt de publier la photo de ton toast à l’avocat ? Avant, on sélectionnait ce qui entrait dans la mémoire : des auteurs, des œuvres, des livres… Aujourd’hui on prend tout.

Autrement dit : avant Internet, on travaillait à se montrer digne d’entrer dans la mémoire collective. Désormais, avec les réseaux sociaux, la mémoire individuelle – celle de Pierre, Paul et Jacques – entre avec la plus grande facilité, dans la mémoire collective. L’accessibilité, est-ce la mort de l’Art ?

C’est une bonne question. Il y a un peu de ça. L’Histoire nous a montré que les gens qui accédaient à cette mémoire collective y travaillaient toute leur vie et généralement pas dans une démarche complètement égoïste. Ils voulaient faire évoluer les choses, repousser les limites de leur discipline comme le dit si bien Bernar. 

Rendre Internet à la portée de tous, c’est formidable pour se cultiver. Ça l’est moins pour la création. Quand j’ai commencé à travailler la 3D, c’était mauvais. J’étais mauvais. Il ne m’est pas venu à l’idée de le montrer. C’est resté caché dans les bas-fonds d’un disque dur et ça restera. Je n’ai rien présenté tant que mes images n’en valaient pas la peine. [ Tout le monde peut-être artiste ? ] Bien sûr. Je crois qu’il faut travailler pour y arriver.

Avec Internet, la mémoire collective change considérablement. Elle sélectionne moins, selon toi ? 

C’est certain. Je vais passer pour un réac’ mais comment est-on passé de Miles Davis à Wejdene ? Avant, il y avait un respect du travail artistique, une volonté de créer, de faire de la nouveauté. Aujourd’hui, il y a un problème d’argent-roi car les artistes ne veulent pas forcément produire de la qualité mais plutôt assurer un certain nombre de ventes. C’est Vincent Cassel qui le dit très bien : aujourd’hui on ne fait plus de films pour faire des films mais pour vendre du pop-corn. 

Et l’informatique n’a pas été épargnée. Il a aussi connu ce glissement là. Mais là, c’est pire car on a automatisé ce rapport à l’argent. Internet et l’informatique sont merveilleux mais aujourd’hui ils servent surtout à manipuler les gens et à leur vendre des choses. A l’origine, ce n’était pas le deal : l’ordinateur devait rester au service de l’homme. Aujourd’hui ton portable fonctionne à 95 % sans te dire ce qu’il fait et en plus, il ne le fait pas pour toi mais contre toi.

Cette nouvelle mémoire collective que tu déplores, incarne-t-elle le juste reflet de notre Humanité ? Après tout, le buzz s’oublie aussi vite qu’il est arrivé tandis que lorsqu’une œuvre entre au musée, elle y est pour durer…

Prenons les médias : avant, quand tu allais au kiosque, tu avais le choix. Tu regardais ce qui t’intéressais, quels journaux correspondaient à ta sensibilité politique -ou pas d’ailleurs pour te construire un avis éclairé- et tu l’achetais. En tout cas, il y avait une démarche. Avec Internet, avec les réseaux sociaux, il n’y a plus cette liberté. Tu es agressé, confronté à une information, à des suggestions – type « putaclic » – que tu n’as pas demandé. C’est l’algorithme qui décide ce que tu liras, quand et comment.

Et d’ailleurs, on ne le dit pas assez mais ce mécanisme peut s’avérer très dangereux. À force de montrer des choses à certains, ils y croient. Résultat, certaines thèses absurdes pullulent, par exemple, les platistes mais aussi des choses bien plus graves comme l’affaire Cambridge Analytica. Car l’objectif de l’algorithme n’est pas que tu apprennes des choses mais que tu restes sur la plateforme. Peu importe ce que tu consommes comme contenu, un algorithme n’a pas d’éthique, il ne fait ‘que’ te manipuler pour arriver à ses fins.

Avec le langage informatique , tu ne laisses aucune place à ton interprétation personnelle. Mais sans interprétation, n’est-ce pas finalement « la mort de l’artiste » ? 

Je trouve que dans le figuratif, il y a tout l’ego de l’artiste qui entre en jeu. Je me sens plus proche de ceux qui ont souhaité conceptualiser la peinture. C’est la réflexion de l’artiste qui compte mais aucunement sa vision en tant qu’ego. Je ne veux pas qu’on s’intéresse à moi, en tant que personne. Je me mets au service de l’art et donc du spectateur. L’art est un service public et les artistes font du bien commun.

Mais sans interprétation ni subjectivité, tu ne crains pas une forme d’aseptisation de l’art ?

Je n’ai pas l’impression. L’autre jour, j’avais les 16 mètres de toile – tous les Portraits Intimes – devant mes yeux, chez moi… Crois-moi, c’était loin d’être aseptisé. Quand tu réfléchis à ce que tu es en train de regarder, c’est même assez gênant.

Aujourd’hui, l’art numérique qui défraye la chronique, c’est justement les NFTs ? Pourtant, tu les assènes d’une critique assez dure…

Cela dépend lesquelles. En termes de recherche 3D, il y a eu de vraies démarches et des choses formidables qui sont apparues. Mais ces derniers temps, il y a une vulgarisation des NFTs. Beeple ( ndlr, crypto-artiste dont le NFT a récemment été vendu 69,3 millions de dollars chez Christie’s ) n’a rien apporté à l’Histoire de l’Art. Sa place n’est pas légitime car il n’y a aucune exigence de création artistique; au sens de l’Art avec un grand A. D’autant que pour accéder à ces galeries d’art virtuelles, il faut un smartphone et il faut payer ! Encore une fois, tout dépend de l’argent. Ce genre « d’œuvres » créent une sorte de hold up financier quand on pense à tous ceux qui publient des images devenus œuvres simplement par leur présence en tant que NFTs. 

Pourtant, avec les GIF, les tweets iconiques et le crypto-art, on assiste également à l’émergence d’un langage, d’un humour, de code connus de tous : cela fait aussi partie de la mémoire collective, non ? 

Oui clairement, mais la légitimité n’est plus la même. Je veux juste que les gens prennent conscience de ce qu’il passe. Faire de l’argent avec une crypto-monnaie comme instrument financier est une chose, transformer le fonctionnement de la mémoire collective en est une autre.

Quels sont tes projets pour la suite ? 

J’expose chez un collectionneur du 7 Mai au 30 Juin à Nice. Le lieu étant privé, l’exposition se fait sur rendez-vous. Magie de l’informatique j’ai appris ThreeJS en quelques jours afin de faire une copie de l’exposition en ligne. J’ai pu reproduire le lieu, les peintures, la sculpture afin de rendre l’exposition accessible à tous. Et c’est en ça que l’informatique est merveilleux, il permet à tout le monde d’accéder à l’exposition ou qu’il soit , quand il veut et gratuitement.

Sculptures aphysiques, 2021.
Sculptures Aphysiques.

Crédit photos : Matt Guetta.

Propos recueillis par Perla Msika

La Perle

Exposition “ Aphysique ” à Nice
Du 7 mai au 30 juin 2021
( prendre rendez-vous sur le site de l’artiste pour obtenir l’adresse )
L’exposition aphysique – reproduction à l’identique en 3D –
est également disponible sur en ligne
art.mattguetta.com
Instagram : @mattguetta